Cher.e.s ami.e.s et soutiens,
Nous avons laissé beaucoup (trop) de temps depuis la dernière fois que nous avons donné des nouvelles et nous nous en excusons. Comme pour la majorité d'entre vous, cette année s'est révélée à la fois compliquée et riche d'enseignements. En premier lieu, la patience (là encore comme beaucoup d'entre vous, à n'en pas douter).
En 2020, le Conseil Départemental (CD) qui a tant voulu redevenir propriétaire des terres de la zad à la place du fonds de dotation La Terre en Commun est devenu notre interlocuteur principal. Mais entre le confinement et leurs atermoiements stratégiques, des rendez-vous cruciaux de négociation ont été annulés. Nous avons patienté avec sagesse, tout en continuant à nous organiser, car nous restons déterminé.es à obtenir la propriété collective des bâtis, terres et parcelles boisées de la zad. Il est possible que cette dynamique commence lentement, avec des lieux symboliques et/ou des petites parcelles aux marges du territoire de la zad. Ce que nous avons appris, c'est que nous devrons êtres persévérant.e.s pour obtenir cette propriété collective.
Les fonds collectés aujourd'hui pour nous rendre propriétaires nous ont rendu.e.s crédibles face aux institutions et nous permettront d'être réactifs quand les occasions se présenteront. Nous avons toujours besoin de votre soutien pour renforcer ce levier politique et nous assurer d'avoir les meilleures chances possibles d'acquérir tout ce qui pourrait devenir à vendre.
Quant au foncier agricole non bâti, nous avons dû accepter de signer, à titre individuel, des baux ruraux à clauses environnementales (9 ans reconductibles). La quasi totalité de ces baux agricoles ont été signés avec le niveau maximal d'engagement écologique, avec le CD ou l'Etat. Les autres sont en bonne voie. En plus des 350 ha couverts par les 18 signataires issus du mouvement d'occupation, des paysans historiques de la lutte ayant leur siège ou leurs terres sur la zad ont terminé leur conversion et sont maintenant en bio. Au total, ce sont donc plus de 700 hectares qui seront à partir de maintenant cultivés pratiquement sans intrants chimiques de synthèse.
En ce qui concerne la « régularisation du bâti », nous avons déposé en janvier 2020 27 Permis de Construire. 2 seulement ont été acceptés ! Nous travaillons à l'acceptation des autres. Cependant, les cadres réglementaires de la communauté de communes peinent à reconnaître nos façons de vivre, dont il a pourtant été démontré par les Naturalistes en Lutte qu'elles contribuent (entre autres choses) à la préservation de l'extraordianire biodiversité de la zad. Un recours contentieux au Plan Local d'Urbanisme intercommunal a été déposé en août au tribunal administratif en vue de sa révision pour notre territoire.
L'association Abrakadabois poursuit quant à elle ses discussions pour une convention tripartite à long terme avec l'Office National des Forêts et le CD, afin de poursuivre la Forêt-Ecole. Ce cadre de formation, ouvert à tout.e.s concerne l'ensemble des activités forestières dans la forêt de Rohanne. Les pratiques de futaie jardinée pied par pied, la conservation d'arbres ayant un intérêt biologique, la mise en place d'une zone en libre-évolution sont parmi les moyens pour garantir à long terme tant la biodiversité que la fourniture du bois dont nous avons besoin pour les constructions actuelles et futures.
Concernant les Noues qui Poussent, le même esprit de conventionnement à long terme est recherché avec le CD pour conserver environ 60ha de prairies, friches, bois, mares et chemins en un espace où les considérations naturalistes primeront avant toutes autres pratiques humaines.
Au delà de ces informations et considérations sur son devenir « juridique », l'année 2020 sur la zad s'est avérée très riche en expériences diverses. Non seulement les activités agricoles continuent de s'épanouir, qu'elles soient collectives ou individuelles, mais le territoire a été le théâtre de multiples événements dont le succès nous a réchauffés le coeur en cette période bien sombre: les rencontres intergalactiques et le festival ZADenvies qui se sont tenus fin août ont vu des milliers de personnes profiter de discussions, présentations et concerts d'une grande diversité, tout en restant attentives au respect des gestes protecteurs face à la propagation du virus.
Toute l'année, des centaines de personnes de tous horizons, ont été accueillies et hébergées, qu'elles soient simplement curieuses, ou au contraire armées d'un projet, de passage, ou exilées. La vie collective continue de bouillonner. Elle s'exprime dans des chantiers collectifs comme dans le nouveau dortoir de Bellevue ou la fabrique de la conserverie de la Noé Verte. En Loire Atlantique, quand de nouveaux projets dantesques et délétères se sont signalés comme au Carnet (projet d'implantation industrielle sur 110 hectares de zone humide), à Donges (extension du Grand Port Maritime de Saint Nazaire sur 40 hectares de terres agricoles), à Montbert (projet d'implantation d'une plateforme amazon), le mouvement s'est naturellement mobilisé pour soutenir ces luttes.
Nous préparons l'année qui vient avec optimisme et détermination. Nous sommes particulièrement enthousiasmé.e.s par la visite de nos compagnon.nes de lutte du Chiapas qui parcourront l'Europe à partir d'avril prochain. Quant à la continuation des négociations face au Conseil Départemental, devant l’État ou la Communauté de Communes, nous continuerons de nous y montrer soudé.e.s pour faire reconnaître nos modes de vie et d'organisation qui les désarçonnent tant.
C'est grâce à votre soutien que ces projections continuent d'être possibles, et nous vous en remercions encore chaleureusement, en vous souhaitant une très belle fin d'année. Restons uni.e.s dans la tourmente!
L'équipe du fonds de dotation La Terre en Commun
Pour plus de détails sur les projets en cours sur la zad, voir la lettre d'infos spéciale zad de l'association NDDL Poursuivre Ensemble :